Vernissage : 24 juillet 2021 18 heures 

Communiqué de presse

24 juillet-31 août 2021

                LIMOGES      

Les duchesses avaient plaisir à dire « limoger » car, chez les duchesses c’est – pour les roturiers un peu poètes – le nom qui diffère.

Marcel Proust, Le Temps retrouvé, 1927.

Limoges à Hyères ? Sur le champ de bataille du design contemporain, cette confrontation peut sembler à première vue contradictoire tant la sémantique du limogeage s’oppose à celle de la parade dont Hyères a la réputation. Sans faire étalage, pourtant, il existe bien à Limoges une pratique du design qui n’a rien à envier au passage en revue et au défilé en grande tenue propre à la Design Parade.

Produit par des « roturiers un peu poètes », pour reprendre la belle formule de Proust, l’exposition « LIMOGES », du 25 juillet au 31 août 2021 à LM Studio, présente ce design qui, sans attirer l’attention sur lui et en toute discrétion, ne manque néanmoins pas de panache.

Porcelaine, bijou contemporain, textile, verre, bois, couleur, le design tel qu’il se fait à partir de l’École nationale supérieure d’art de Limoges est relevé de ses commandements industriels, décoratifs ou artisanaux sans pour autant perdre de vue son histoire, son inscription territoriale, les savoir-faire que celui-ci porte et les enjeux d’une discipline en prise avec son temps.

Jean Savard, à partir d’une analyse fine du système productif de la porcelaine et de son usage intensif du moule en plâtre, propose un nouvel art de la table qui, en se libérant de la peur de la casse, déploie de nouveau usage de l’assiette, du vase ou encore de la carafe.

Béatrice Delaunay, en jouant elle aussi avec la notion de série contenue dans l’idée du moule, cherche à désacraliser l’art verrier et propose une gamme de vases aussi punk que baroque mais produite avec toute la noblesse du savoir-faire verrier de Meisenthal. Manon Papin, avec méthodologie, travaille l’archétype de la chaîne en bijou contemporain et donne à penser ses implications socio-culturelles sous-jacentes.

Jean Ramon déploie lui toute son intelligence rusée dans l’art de la construction pour produire des objets à actions où l’habileté côtoie la facétie, sans jamais perdre de vue les enjeux propres de la praticité.

Charlotte Grebert, en véritable travailleuse de l’esthétique, invite à penser des situations de seuils perceptifs par la production de micro-gestes à effets sensitifs qui mettent à l’épreuve nos rapports à l’espace domestique.

Marjorie Tirollois, dans l’infra-mince et à demi-mot, s’immisce dans les interstices laissés vacants, pour donner à voir toute la charge relationnelle d’un design qui se déploie là où les autres ne veulent pas, ou mieux, ne veulent plus être.

« LIMOGES » devient alors non plus le nom de ce que le design would prefer not to comme le dirait le scribe Bartleby, mais plutôt celui d’un design qui calmement, doucement, fermement et sans se hâter propose une douce affronterie à la discipline. Son statut borderline creusant in fine une zone d’indétermination, en suspension entre des activités non-préférées de la matière et une activité préférable du design.

Le commissariat  de l’exposition est assuré par Nathanaël Abeille et Arnaud Dubois, designers-enseignants à l’ENSA Limoges.

A propos de l’ENSA LIMOGES

LM STUDIO est une galerie/résidence d’artiste 5bis rue Portalet 83400 Hyeres. www.lmstudio.org
Instagram et Facebook: @lmstudiohyeres